La Carte de Tendre , Madeleine de Scudéry, 1654
Publiée dans le roman Clélie de Madame de Scudéry, la Carte de Tendre est une cartographie imaginaire du sentiment amoureux. Elle s’inscrit dans le courant intellectuel de la préciosité (milieu XVIIe siècle). Les Précieuses cherchent à raffiner la langue, les manières d’être et d’aimer.
La relation amoureuse commence à la ville de « Nouvelle Amitié » (au bas de la carte) et doit ensuite emprunter les chemins qui la mèneront progressivement vers Tendre-sur-Estime ou Tendre-sur-Reconnaissance. L’amour est donc fondé sur l’estime mutuelle et la reconnaissance du mérite de l’autre (que représentent les villages de « Tendresse », « Billet doux », « Générosité », « Probité » etc…). Il faut se garder de se laisser emporter vers les tourments de la « Mer Dangereuse », symbole des passions violentes et incontrôlables qui privent le sujet de la maîtrise de lui-même. Pour le dire autrement, Philia doit primer sur Eros.
Psyché surprend l’Amour endormi , Lagrenée, 1768
Interprétation : lorsque Psyché (« l’âme » en grec) tente de faire la lumière sur Eros (le désir), celui-ci s’enfuit. Eros nous saisit mais il semble difficile de le saisir. Ondoyant, il se dérobe aux tentatives d’observations et d’explications…
Les Amants, Magritte, 1928
Plusieurs interprétations possibles : - les amants n’ont pas besoin de se voir pour s’aimer : la connaissance véritable de l’autre est ailleurs, au-delà des apparences et du sensible (on serait alors proche d’une lecture platonicienne) - mais on peut aussi lire ce tableau comme une représentation de l’impossible connaissance de l’autre, qui nous reste toujours mystérieux, opaque, voilé. Le voile devient alors surface de projection, écran sur lequel les amants peuvent projeter leurs fantasmes.
Le Baiser, Munch, 1897
Les amants semblent se fondre dans une masse sombre au centre de la toile. Mais cette fusion est inquiétante et pose question. Elle implique en effet la disparition des individualités, l’abolition des identités, l’effacement des visages, l’oubli de soi.